Du mercantilisme
L’opération mercantile incontournable de la fin de l’année 2006, c’est bien sûr "Arthur et les Minimoys",
réalisé par, produit par, écrit par et d’après le roman de : Luc
Besson. Il n’en fallait pas plus pour réunir toutes les familles
françaises accompagnées de leurs chiards dans toutes les salles de
l’Hexagone, comme nous le prouvent les hallucinants scores du
box-office français : au 26 Décembre 2006, "Arthur et les Minimoys"
a déjà vendu la bagatelle de très exactement 2 722 896 tickets. Guère
surprenant si l’on prend en considération la date de démarrage du
bourrage de crâne marketing (début août, on pouvait déjà voir les
affiches du film dans le métro parisien) et la date de sortie profitant
des vacances de Noël pour tout faire péter bien comme il faut. Ces
considérations mises à part, qu’en est-il formellement des qualités
artistiques de ce « film de Noël pour les enfants et leurs parents »,
comme aime à le rappeler Luc Besson à longueur de séances promo
télévisuelle. En toute honnêteté (même si l’on se voit déjà accusé par
certains d’hypocrisie, c'est-à-dire par ceux qui ont de la merde dans
les yeux), il n’y a absolument rien à sauver de ce désastre artistique,
mis à part peut-être l’effort vain d’avoir osé lancer un tel projet sur
le sol français. Car le cinéma de genre ne court pas vraiment les rues
par chez nous, ce que l’on comprendra aisément à la vision du métrage
concerné…
« Wesh zy va, c’est de la bonne t’as vu »
Totalement vide de sens, l’intégralité du script d’"Arthur et les Minimoys"
se limite à son pitch basique et se paie le luxe de ne strictement rien
raconter, si ce n’est faire l’étalage de bons sentiments, mêlés à une
surcharge de pathos complètement imbuvable. Il faut voir à ce titre Mia
Farrow chercher Arthur en hurlant son prénom dans toutes les pièces de
sa maison pendant plus d’une heure, sur un score tire-larme totalement
à côté de la plaque… Le reste est au diapason, qu’il s’agisse de la
direction artistique tout bonnement hideuse (les Minimoys ressemblent à
des trolls, vous savez, les poupées toute moches là), du pullulement
d’incohérences flagrantes (notamment au niveau de la gestion des
tailles des objets/minimioches) ou des détails affligeants tout droit
issus du cahier des charges Europacorp (les indigènes sortis de nulle
part qui se comportent comme des cailleras sorties du 93). Et les
effets spéciaux dans tout ça ? Le film serait sorti à l’époque des
premiers Pixar, peut-être que "Arthur et les Minimoys" aurait
convaincu. Besson a beau faire l’éloge des sociétés chargées des effets
spéciaux (notamment BUF) et clamer sur tous les toits que 5 années
auront été nécessaires pour arriver au résultat que l’on connaît,
difficile de ne pas en rire : son film semble effectuer un énorme bond
technique en arrière, à l’époque des balbutiements de la 3D
cinématographique. En gros, les images d’"Arthur et les Minimoys"
ont 5 ans d’âge (voire plus…) et ça se voit. Allez, oublions cet
accident malencontreux en forme de succès public hors-norme, et pensons
d’ores et déjà à la suite que n’hésitera pas à réaliser Besson, le
bonhomme ayant avoué, après avoir annoncé sa retraite en tant que réal,
qu’il pourrait reprendre la caméra pour la séquelle d’"Arthur et les Minimoys"
si celui-ci rencontrait du succès (public évidemment ^^). Bienvenue
dans un monde capitaliste qui pourrait, à la rigueur, s’approcher de la
perfection si Besson se contentait de produire ("Haute Tension" et "3 enterrements" pas "Taxi"). Monde de merde.
Mister D.